Dans le cadre d’une collaboration avec l’organisme LABécole, le Catalogue des Concours Canadiens livre en primeur l’intégralité des 160 projets soumis en 2019 aux 5 concours pour la construction ou l’agrandissement d’écoles primaires à Shefford, Rimouski, Gatineau, Maskinongé et Saguenay. Le dévoilement officiel des lauréats ayant eu lieu lundi 24 août.

« En 2020, à en juger par le nombre de concours organisés au Québec depuis deux décennies et par le nombre d’édifices primés, il est plus facile de trouver une excellente bibliothèque, qu’une école primaire digne de ce nom. Cette série de 5 concours – ouverts et en deux phases – organisés par l’organisme LAB-École affrontait dès lors deux convictions contradictoires : la certitude que les lieux de scolarisation forgent et modèlent ce que nous sommes depuis la petite enfance et cette conviction, répandue parmi les décideurs publics, que l’on pourrait au fond étudier et enseigner n’importe où. Particulièrement bien organisés par le LAB-École, ces concours montrent au contraire que l’architecture n’est pas un luxe, mais une nécessité. Pour des contextes aussi différents que Saguenay, Maskinongé, Rimouski, Gatineau et Shefford, les propositions se révèlent riches en réflexions démontrant que la question de l’école primaire reste complexe et ne saurait être circonscrite dans des modèles à répéter – en bleu, en bois ou en aluminium – quel que soient les contextes. »

Merci aux équipes d’étudiants de l’Université de Montréal qui travaillent sur le CCC et pour la CRC-ACME pour cet intense travail de documentation numérique.

Durant trois semaines, en mai 2020, 3 groupes de chercheurs et de professionnels à travers le Canada ont participé à 3 séances de brainstorming par semaine, à raison de 9 séances Zoom par groupe, soit 27 séances au total. Cette série d’échanges à distance s’inscrit à la fois dans la mise en place d’un grand réseau de collaboration et de recherche sur la qualité des environnements bâtis (AREA) et dans la conception d’une plateforme numérique ou « Atlas d’excellence en architecture » capable de soutenir des recherches à long terme sur la compréhension et la diffusion des meilleures pratiques dans le contexte canadien (AEA). Cette base de données est décentralisée et en accès libre. Coordination : Jean-Pierre Chupin (Université de Montréal), Terrance Galvin (Université Laurentienne) Doctorants et assistants : Mandana Bafghinia, Aurélien Catros, Sherif Goubran, Firdous Nizar, Lucie Palombi, Alexandra Paré, Anne-Lise Belbezet

Ce numéro spécial sur les prix d’excellence ne présente pas de nouveaux lauréats et ne dévoile aucun résultat que l’on ne connaissait déjà. Il se donne pour objectif d’inviter à plus d’attention sur un phénomène – la célébration de l’excellence – sur lequel les regards critiques sont étrangement peu dirigés. Que comprendre de la pléthore de projets, de réalisations et de pratiques primées, année après année? Certes, les images défilent dans un intense ballet à chaque palmarès local, régional ou national.  Des images de l’excellence architecturale, à n’en pas douter. Il faut toutefois effectuer un « arrêt sur image » pour commencer à s’interroger sur les définitions de la qualité qu’elles sont censées résumer, symboliser, mesurer peut-être. Le lecteur qui voudrait se convaincre de l’ampleur du phénomène en quelques chiffres pourra commencer ce numéro par la fin, puisque nous en dressons un portrait statistique inédit, révélant en particulier l’augmentation exponentielle du nombre d’organisateurs et de prix en une décennie.

Georges Adamczyk propose tout d’abord de déplacer « l’horizon d’attente » de la réception des architectes ou du public, vers l’intérêt du monde académique. Il prend de fait les réalisations primées comme des modèles : « les projets qui sont jugés excellents par leurs pairs pour leurs qualités esthétiques et fonctionnelles exemplaires sont aussi des projets potentiels pour l’apprentissage de la conception et de la production en architecture ». David Theodore replace les prix québécois dans un portrait canadien élargi. Si les architectes québécois se distinguent effectivement au Canada, voire à l’étranger, son enquête montre que ce sont certains types d’édifices et de pratiques architecturales qui se voient distingués, plutôt que l’excellence ou les meilleurs bâtiments de façon générale. De façon paradoxale, il se demande si les prix promeuvent réellement une bonne architecture. Ce que confirme la réflexion d’Aurélien Catros sur les distinctions patrimoniales. L’histoire récente des catégories de l’excellence en conservation révèle d’abord les fluctuations des politiques sous-jacentes. Et quoi de plus actuel qu’une politique de l’architecture scolaire? Sur ce point, le regard rétrospectif d’Alexandra Paré montre que l’architecture scolaire reste un parent pauvre des prix. Elle rejoint les conclusions de Theodore et d’Adamczyk en invitant à concevoir les prix comme une véritable école de la qualité architecturale. Les articles de Sherif Goubran et de Carmela Cucuzzella interrogent la part grandissante des critères écologiques et environnementaux dans les reconnaissances contemporaines de la qualité. Les statistiques compilées par Goubran sont éclairantes sur la démultiplication des définitions de la durabilité. Les analyses de Cucuzzella montrent de façon détaillée que certains prix forcent littéralement le recours à toujours plus de visibilité « éco-didactique ». Elle en conclut que les prix ne joueraient pas qu’une fonction de reconnaissance, ils détermineraient une forme d’excellence. En substance, cette inversion est le jeu proposé par Lucie Palombi qui, en oblitérant provisoirement les images des projets primés, se demande ce que pourrait comprendre un visiteur étranger de trois bibliothèques primées en ne considérant que les rares commentaires des jurys. Nous vous laissons deviner.

Car tant que les listes de réalisations primées ne s’accompagneront pas des raisons, des analyses, des critères de jugement et donc des rapports des jurys; les prix risquent de ne rester que de sympathiques célébrations et non des étapes dans la reconnaissance pleine et effective d’une « politique de la qualité architecturale ».

Éditorial : Les prix, arrêt sur image! (Jean-Pierre Chupin, professeur, Université de Montréal)  Taking Home the Prize: Distinguishing Québec in Architectural Awards (David Theodore, professeur, McGill University) Trois bibliothèques amplement primées (la visite inverse) (Lucie Palombi, doctorante, Université de Montréal) L’architecture scolaire, ce parent pauvre des prix  (Alexandra Paré, doctorante, Université de Montréal) Apprendre de l’excellence en architecture résidentielle (Georges Adamczyk, professeur, Université de Montréal) Le Québec dans le concert canadien des prix de développement durable (Sherif Goubran, doctorant, Concordia University) L’allégorie du patrimoine au filtre des prix d’excellence (Aurélien Catros, doctorant, Université de Montréal)  À quoi servent les prix en architecture ?  (Jean-Pierre Chupin, professeur, Université de Montréal) « Éco-didactisme » : Les « prix verts » forcent-ils la visibilité des dispositifs écologiques? (Carmela Cucuzzella, professeure, Concordia University)

Plus de 2800 réalisations primées – conçues par plus de 1000 firmes d’architecture, d’urbanisme et d’architecture de paysage au Canada – répertoriées pour la première fois dans un Atlas de Recherche sur l’Exemplarité en Architecture (AREA)

À l’initiative de la Chaire de recherche du Canada en architecture, concours et médiations de l’excellence (CRC-ACME) , l’Atlas de Recherche sur l’Exemplarité en Architecture (AREA) prend forme avec la mise en ligne du premier Répertoire historique des réalisations et des projets primés.

Prototype d’une plateforme numérique décentralisée et collective, l’AREA Canada est destiné au regroupement des données sur la qualité des environnements construits. Conjointement à la mise en place d’un réseau de recherche, il s’agit offrir les informations nécessaires à la diffusion, à la compréhension, à la formation et la constitution de politiques et d’actions de médiations de la qualité visant l’excellence à toutes les échelles. Les données, informations, analyses, comparaisons, visualisations qui seront progressivement livrées sur la plateforme en libre accès prendront appui sur l’ensemble des réalisations primées au Canada. Grâce à la coordination des institutions organisatrices de prix et des équipes professionnelles, le grand public peut déjà prendre la mesure du répertoire des meilleures pratiques dans tous les domaines de l’environnement bâti.

Lucie Palombi, étudiante au doctorat individualisée sous la direction de Jean-Pierre Chupin, reçoit une bourse de doctorat en recherche du Fonds de Recherche Société et Culture du Québec, d’une valeur de 77 000$ échelonnés sur 4 ans (de 2020 à 2024) pour le projet de recherche intitulé « La mise en compétition de l’écriture en architecture. Herméneutique du texte gagnant et de l’ouvrage primé », attaché à la Chaire de Recherche en Architecture, Concours et Médiations de l’Excellence

Mandana Bafghinia, étudiante au doctorat individualisé en architecture sous la direction de Jean-Pierre Chupin, reçoit la bourse Cardinal et Hardy, d’une valeur de 8000$, pour le projet de recherche « Habiter les toits, dialogue dans l’ombre des immeubles de grande hauteur », attaché à la Chaire de Recherche en Architecture, Concours et Médiations de l’Excellence

This is Not a Nest: Transcultural Metaphors and the Paradoxical Politics of International Competitions

Jean-Pierre Chupin, Université de MontréalPublished in:

Footprint, Delft Architectural Theory Journal, issue #26, Vol 14, n1, Spring 2020. Pages: 63-82

Abstract

Although the architecture competition has been analysed through a number of rhetorical lenses, the recurring production of transcultural metaphors, particularly in international competitions, remains to be addressed as a genuine disciplinary phenomenon. The hypothesis of competitions as contact zones is particularly appropriate for the study of international events, in which competitors forge broad analogical figures to bridge cultural differences. Recent studies in the cognitive understanding of analogical matrices have considerably reinforced the theories on metaphors. Our analytical grid characterises analogical matrices to identify levels of symbolic operations through the differentiation of formal, structural and conceptual analogies. We first dig into a sample of competition project nicknames (Crystal, Bird’s Nest, DNA, Cloud, Lace, Stealth, etc.) to confirm that these tropes have a paradoxical status at the intersection of architects’ intents and public expectations. We then summarise an in-depth hermeneutical discourse analysis of forty North American international competitions. This indicates a fourfold series of expectations to which competitors hope to provide answers in an international ‘conflict of interpretations’. Adhering to the theory of speech acts, we suggest that performative metaphors in competitions appear less as indicators of designers’ intentions than as products of the broader context surrounding competitions themselves. We conclude with a proposed grid indexing four types of contact zones in which metaphorical relationships are actively created and not just repeated.

Keywords

International Competitions, Analogies, Metaphors, Analogical Matrices, Discourse Analysis, Speech Acts

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